Instigateur de la déferlante belge qui touche le hip-hop francophone, Hamza s’apprête à sortir à la rentrée un projet que beaucoup attendent depuis 1994. De passage à Paris après une excursion cubaine, il s’est arrêté discuté avec nous de sa musique comme de son dressing auquel il porte bien plus d’importance qu’avant.
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Tu reviens tout juste de Cuba. Que faisais-tu là bas ?
Je faisais un clip avec Caballero et JeanJass pour Double Hélice 3 !
Cool. C’est la première fois que vous bossez ensemble ?
J’avais déjà fait un morceau avec Isha et Caballero mais pour le coup c’était la première fois que je bossais avec JeanJass et Caballero ensemble.
On t’avait déjà rencontré en 2016 et pour toi c’était l’année de 3 beaux projets. Zombie Life, ensuite l’EP New Casanova, la mixtape Santa Sauce pour Noël puis on passe en 2017 avec 1994. Qu’est-ce que tu te dis quand tu fais le bilan sur tous tes projets ?
Franchement des chouettes années ! J’ai acquis beaucoup d’expérience, j’ai fait beaucoup de concerts. Je ressens une vraie évolution musicalement parlant tout comme en matière d’exposition. Quand 1994 est sorti, ça m’a vraiment ouvert les portes pour d’autres projets, que des bonnes choses !
Est-ce que tu penses que ton approche de l’écriture a changé ?
Bien sûr, je pense avoir grandi, pris en maturité. J’ai plus pris le temps de me poser et d’apporter une vraie réflexion à travers ma musique. C’est toujours spontané mais les messages que je véhicule sont plus forts, j’essaye de raconter quelque chose.
Tu continues à faire vivre 1994, tu as sorti le clip de Life il n’y a pas si longtemps. Tu comptes clipper encore des morceaux ?
Normalement il y a un dernier clip qui va sortir pour Jodeci Mob. Je suis en train de terminer le tournage.
Jacket Gosha Rubchinskiy
Il paraît que 2018, tu es enfin prêt pour sortir ton premier album. Tu en es où ?
Oui je suis dessus, ça sera pour la rentrée ! Je ne peux pas encore trop en parler mais ça va être lourd, il y aura des feats, des surprises. Ca va aller vite, les premiers singles vont arriver cet été !
On a repéré une petite photo de toi et Sfera Ebbasta qui décroche aussi une cover pour ce numéro de SHOES UP. Avez-vous bossé ensemble ?
Oui il m’avait invité à Milan, on avait bossé ensemble et on travaille toujours ensemble. C’est un bon gars. Ce qu’il fait, ça ressemble un peu à ce que je fais, on se comprend lorsqu’on est en studio. Il mérite clairement sa place de numéro un en Italie et il a une dégaine qui envoie. Son style est dingue.
Tu fais partie des artistes avec Damso qui ont ouvert les portes à l’effervescence qu’il y a autour du rap belge aujourd’hui. Est-ce que tu le ressens comme tel ?
Bien sûr. Je fais partie de ceux qui ont ouverts les portes et c’est une fierté. Je me souviens, quand j’ai sorti H24, il n’y avait encore personne. Même Damso, je pense qu’il venait tout juste de signer chez 92i. Les autres comme JJ et Caba sont là depuis très longtemps aussi mais c’est vrai qu’on a doucement tracé le chemin, comme Stromae a pu le faire pour moi et nous tous.
Est-ce que tu connais autant de succès en Belgique qu’en France aujourd’hui ?
J’ai un gros succès en Belgique mais Paname, quand je regarde les statistiques sur les plateformes, ça reste la ville où les gens m’écoutent le plus. C’est très spécial en Belgique, les gens écoutent beaucoup de musique mais ils ne sont pas autant impliqués dans le soutien qu’autre part. Comme on dit, nul n’est prophète dans son pays. Je pense que les belges sont difficiles. J’avais lu une étude, il me semble que ça concernait Nivea et quand ils testaient des nouveaux produits, ils les sortaient d’abord en Belgique. Si ça fonctionnait en Belgique, c’est que ça pouvait marcher partout. C’est marrant.
Ce qui est assez frappant dans ton parcours, c’est aussi l’évolution de ton look. On a le sentiment que tu oses un peu plus. Par exemple, dans le clip de Sans toi avec Myth Syzer, tu portes une jacket argentée, chose qu’on avait du mal à imaginer en 2015.
Oui c’est complètement vrai, je n’aurais certainement pas osé avant. Ensuite ça va avec mon évolution et les tendances mode qui peuvent revenir aujourd’hui. Je fais plus attention à ce que je porte et je m’y intéresse de plus près. Il y a des pièces que je mettais avant que je ne remettrais plus jamais et inversement.
Comme quoi ?
Disons qu’avant je mettais un peu tout avec n’importe quoi. Je pouvais te mettre une paire de COMME des GARÇONS avec un gilet Bape et une casquette New Era NYC. C’était trop ! Maintenant, j’essaye de faire plus attention aux associations d’imprimés et j’ai un meilleur sens du détail et du subtil.
Quelle est la dernière belle pièce mode que tu as acheté ?
Un pantalon rose Palm Angels. J’en avais déjà un vert, mais j’aime aussi beaucoup celui-ci !
Pour SS18, la chemise manche courte imprimée est un peu partout. J’imagine que ça te parle ?
Grave ! J’en ai reçu une bleue de chez Levi’s que j’ai porté sur un des clips qui va sortir. Je la kiffe trop. J’en ai trouvé des cools à Cuba aussi, tu sens que l’inspiration vient clairement de là-bas. Balenciaga en a sorti une hawaïenne dans les tons orange qui est cool aussi.
Ca fait plusieurs saisons que les 90’s sont partout. On a observé le retour des Sergio Tacchini, FILA, Kappa, Champion, Tommy Hilfiger et j’en passe. C’est une tendance que tu n’adoptes pas du tout, pourquoi ?
Je ne suis pas très fan de ce côté très training. J’ai déjà porté du Tacchini etc mais j’avoue que ça ne me parle plus du tout.
Alors que musicalement, le rap et le R’n’B de ces années-là font clairement partie de tes sources d’inspirations non ?
C’est vrai 90 et 2000 je dirais même. J’ai beaucoup écouté Aaliyah, Ashanti, R.Kelly, Montell Jordan, il y en avait tellement que j’adorais !
Dans tes interviews, tu cites inlassablement 50Cent comme la personne qui t’a donné envie de faire ce métier. Parmi les artistes que l’on voit partout aujourd’hui, qui citerais-tu à part Travis Scott ?
(rires) À part Travis Scott ? Drake alors ! Pas seulement musicalement, il m’impressionne avec la manière dont il gère sa carrière etc. En plus à chaque fois qu’il sort un projet, il influence tout le game alors qu’il n’a pas un style de ouf. Il est souvent habillé en October’s Very Own, presque tout le temps en noir et il parle vraiment avec sa musique. Drake est un grand monsieur, arriver à son stade est un goal !
Sur la pochette de Godzilla, tu portes une jacket rouge en velours côtelé. C’est une tendance qui revient en force pour FW19, tu vas continuer à en porter ?
Oui carrément et j’aime beaucoup cette veste. C’est une collaboration Gosha Rubchinskiy x Levi‘s. Le velours côtelé, c’est super beau que ce soit sur une veste, une chemise ou un pantalon.
À part les Jordan, Air Force 1 et Converse, que portes-tu aux pieds ?
Franchement elle est dure ta question ! À part Gucci, j’ai beaucoup de paires de Nike ! J’ai quelques paires de New Balance, de Vans aussi. J’avais acheté la paire de Vans x Alyx noire et blanche. Mais dans l’ensemble, je suis vraiment Nike.
La dernière paire Nike qui t’a rendu fou ?
La Air Jordan 1 Nike x Off-White blanche.
Qu’est-ce que tu aimes mettre pour la scène ?
J’aime bien porter des couleurs, des belles choses visuellement. Justement la veste argentée, je l’avais portée en concert, ça a de la gueule.
Quelles sont les marques que tu affectionnes particulièrement ?
J’aime beaucoup A-COLD-WALL, Heron Preston, J.W Anderson, Balenciaga, Gucci. Je suis impatient de voir ce que Virgil Abloh va faire pour Louis Vuitton.
Une pièce que tu ne pourrais jamais porter ?
En fait il y a plein de trucs qui sortent qui sont super oversize. Ça me fait trop chier car je suis petit et il y a des trucs que je trouve très beaux que je ne pourrais pas porter. Les Triple S de Balenciaga par exemple, c’est horrible pour moi ! Il faut être super grand pour porter ça !
À part ton album, quels sont tes projets pour l’année ?
C’est déjà pas mal ! (rires) Je fais beaucoup de festivals. J’ai fait le Printemps de Bourges. Sinon je fais Dour, Inc’Rock en Belgique, Cabaret Vert, les Eurockéennes et plein d’autres. Un programme chargé ! Sinon il y a l’Olympia aussi à la rentrée, l’album sera sorti, ça va être chaud.
Qu’est-ce que tu penses du fait que SCH ait signé dans le même label que toi REC 118 ?
Je suis très content. J’aime beaucoup SCH et on bosse encore pas mal ensemble, on a travaillé en studio à Paname il n’y a pas très longtemps, pour nos deux projets. Il y aura certainement un morceau chez moi et un morceau chez lui !
Concernant SCH, j’ai une dernière question. Il y a deux numéros de ça, on a fait une cover avec Paigey Cakey, la rappeuse qui a accusé SCH de plagiat sur le beat de Ça va. Il s’avère que nos confrères de Noisey ont aussi découvert que c’était le même beat que ton morceau Aah Yeah qui sort à peu près en même temps, voire avant celui de Paigey. Peut-on avoir le fin mot de l’histoire ?
(rires) J’avoue que j’ai essayé de suivre aussi mais c’est compliqué ! Moi je trouve qu’il y a un peu d’exagération dans toute cette histoire.
Ce n’est pas allé bien loin non plus…
Non c’est vrai mais personnellement, je ne trouve pas que mon beat ressemble fortement à celui de Paigey. C’est une prod que j’ai fait il y a très longtemps, certainement six mois avant que Santa Sauce sorte. J’ai justement découvert Paigey Cakey avec l’histoire qu’il y a eu par rapport à SCH mais finalement je crois que c’est cool entre eux ?
Oui, on lui a posé la question et elle nous a répondu que c’est aussi grâce à lui qu’elle s’est faite connaître en France.
Ça va alors. Tout est bien qui finit bien !
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