Implanté dans le paysage du rap français depuis son adolescence, le rappeur du 19è ne s’essouffle pas. Les poumons remplis d’authenticité, Jazzy Bazz a toujours poussé au respect. Dans son dernier album sobrement intitulé Nuit qu’il défend en seconde partie de tournée aux quatre coins de la France, il dresse la complexité des émotions avec les verbes justes.

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Jacket: GEYM
Sweat: GEYM
Pants: Sandro
Sneakers: Converse Chuck Taylor 70’s GORE-TEX®
Cap: Maison Michel Paris
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La fidélité est certainement l’une des qualités qu’il évoque pour beaucoup. Par sa capacité à évoluer sans jamais se dénaturer d’abord, mais aussi en entretenant, coûte que coûte, des liens d’or avec ses compagnons de carrière. Jazzy Bazz a formé le duo Cool Connexion avec Esso mais a aussi été membre des éloquents collectifs L’Entourage et Grande Ville. Une famille soudée qu’il ne quitte pas comme le démontre son opus très personnel Nuit entièrement enregistré et mixé par Grande Ville et sur lequel on retrouve des collaborations avec Esso Luxueux, Alpha Wann, Nekfeu, Lonely Band ou encore Monomite. « L’autre jour j’étais au studio Goldstein, je grattais avec des potes et je me suis rendu compte que j’avais vraiment besoin d’être entouré pour apprendre. On a souvent évolué en bande jusqu’à aujourd’hui et ça m’a toujours beaucoup motivé, surtout dans les moments de doute. Ce sont les autres qui t’apprennent. » souligne t-il. Cette family affair, le rappeur y tient. De ses acolytes il tire l’enseignement des techniques et des subtilités du rap. C’est en partie grâce à eux qu’il ambitionne : Jazzy Bazz n’est pas un solitaire.
Pourtant, c’est aussi en solo qu’il séduit et impressionne. P-Town, son premier album, est dûment accueilli pour sa maîtrise et marque les esprits avec des tracks tels que Le Roseau, 3h33 ou encore le poignant Ultra Parisien dans lequel il dépeint la passion et la frénésie du supporter du Paris-Saint-Germain.

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Jacket: XY Unisexe
Tee-shirt: Acne Studios
Pants: XY Unisexe
Socks: Walk in Paris
Sneakers: Nike React Element 87 Royal Tint
Bag: Daily Paper
Jewelry: Thomas Sabo
Sunglasses: Oliver Peoples (disponible chez Marc Le Bihan)
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Très jeune, son père l’initie au football comme à la musique jazz : parfaite ambivalence entre l’hyperactivité convulsive et la douceur des instruments groovy. Lorsque l’on évoque cette période clé de sa vie, impossible de ne pas constater avec lui les changements et l’ampleur du PSG, à l’heure où le club s’est peu à peu installé comme une véritable marque prête à conquérir l’industrie de la mode. Des griffes telles que Koché, Afterhomework, BAPE, Manish Arora ou encore Levi’s se sont associées au club de foot parisien pour asseoir une stratégie marketing finement maîtrisée. « Le PSG est effectivement devenu très à la mode. Ils font de bonnes collaborations. Quand j’étais à New-York, il y avait l’opération Jordan. Je marchais par hasard dans la rue et je suis tombé sur le Pop-Up PSG en plein Manhattan. C’est la politique du club depuis le rachat. Ils veulent en faire une marque à tous les niveaux. L’image que la ville de Paris représente est une mine d’or à l’international et dans le milieu du luxe… Le PSG se sert de cette image. » analyse t-il. Nostalgique de l’ambiance des tribunes, Jazzy Bazz soutient désormais l’équipe du PSG derrière son écran « qui développe un beau football » et qu’il soutiendra toujours « même si il arrivait que la qualité du jeu baisse. » car peu l’importe, Jazzy Bazz est fidèle. Fidèle à la rime aussi, qu’il manie avec élégance. Ou à la punchline percutante qu’il doit, en partie à son héritage des clashs Rap Contenders. Comment oublier cette cinquième saison où, paré de son polo Ralph Lauren et de son bob en cuir, il détrônait à l’unanimité le redoutable Gaïden ? « Les clashs te mettent la pression. On t’oblige à aller au combat. Tu travailles pour essayer d’avoir un bon texte. Tu trouves des punchlines plus fortes pour être impactant. Avant même l’époque des Rap Contenders, j’avais fait quelques clashs qui m’avaient fait beaucoup progresser. »

De ce parcours est né l’artiste que l’on connaît, soutenu par une fan base solide, sensible au travail minutieux. Nuit a d’ailleurs touché un public avare de cet univers luminescent et tourmenté : que ce soit avec El Presidente, Leticia, Eternité ou Cinq heures du matin. L’exécution est léchée tout comme l’identité visuelle qui en découle. Les clips sont beaux, poétiques et mystérieux. Le responsable ? Dijor Smith (Grande Ville). « Je suis vraiment un mec qui a une bande et qui ne bouge pas. Je suis tout le temps avec les mêmes. On se connait très bien et on travaille en permanence en échangeant des idées. Tout le mérite revient à Dijor. Ce sont ses idées que je valide » insiste t-il avant de préciser « Par exemple, pour le clip Cinq heures du matin, je trouvais drôle qu’il accentue l’aspect poétique du son alors que moi je ne l’avais pas forcément perçu. »
Sur scène aussi, Nuit dévoile à son tour un aspect visuel homogène. Pour autant, bien qu’il ait conscience de l’importance de l’image, le rappeur n’a qu’un mot d’ordre : rester lui-même. Il balaie d’un revers de main l’idée même de s’inventer un personnage et, avec du recul, aurait même fait le choix de rapper masqué, comme son homologue Népal. « Je déteste cette société où tout le monde veut être comme-ci ou comme ça pour renvoyer une certaine image alors que ce n’est que du vent. Pour moi, c’est la passion qui prime dans un monde où la musique parle d’elle-même. Je respecte la nouvelle génération qui prend du plaisir avec l’image et j’aime les belles fringues, les beaux clips, les belles photos, mais ça reste au service de la musique. » Cette sacralisation de la musique, il la doit peut-être aux authentiques artistes qui ont façonné sa culture et son admiration, quelque part entre IAM, A Tribbed Called Quest ou Stan Getz. Ou encore à l’Argentine, le pays de sa mère qu’elle quitte à dix-huit ans d’abord pour l’Espagne, puis pour la France. « J’ai pas mal de cousins et de cousines à Buenos Aires. Il y a un vrai rayonnement du hip-hop d’Amérique Latine. Je pense à des artistes comme Bhavi ou un phénomène comme Duki. Il y a aussi un groupe qui s’appelle Lo’ Pibitos que je pourrais comparer à l’Entourage dans leur démarche. »

Sensible à l’univers cinématographique aussi, il aime s’en inspirer pour construire ses looks souvent à mi-chemin entre le streetwear casual et le dandysme flirtant avec le mafioso. « J’aime le côté assez classe, un peu comme dans mon film ultime : Il était une fois en Amérique. Plus jeune, je n’osais pas alors que maintenant, je commence à me tourner vers les costumes par exemple, j’ai aussi un manteau Paco Rabanne que j’ai chopé à 100 balles en Fripe. J’ai beaucoup de mal avec les pièces trop logotées et c’est ce que je reproche aux tendances actuelles. J’aime la sobriété donc je pioche chez des marques comme Le Coq Sportif » Il nous cite également Agnès B et la fameuse collaboration avec Seine Zoo (Nekfeu) comme référence avant d’ajouter « Dans notre bande, on s’habille tous dans le même esprit : chic et street. » Vous avez dit fidèle ?