Après Olyside (2016) et Southside (2018), le rookie d’origine malgache livrait au public son album OMEGA. Cet opus, riche dans sa construction, confirme la singularité de l’univers d’Oboy tout comme sa capacité à éveiller nos sens : l’ouïe comme la vue.
Il est plus à l’aise dans un studio d’enregistrement ou sous l’appareil photo que lorsqu’il s’agit de parler de lui et sa musique. Pourtant, Oboy ne démérite pas de susciter l’intérêt des afficionados de musique. Qu’à cela ne tienne, la loquacité n’est pas toujours nécessaire. Dans un univers qui oscille entre ténèbres et couleurs chaudes, le rappeur arrivé dans l’antre de Villeneuve-Saint-Georges âgé de six ans est considéré comme une sombre et douce promesse du rap français. Né à Madagascar, il s’installe en Île-de-France avec ses parents à la recherche d’une meilleure situation « la vie au bled était trop difficile et l’arrivée en France n’était pas non plus évidente mais en tant qu’enfant, j’étais relativement préservé des problèmes avec mes deux petites sœurs. » narre t-il, la voix hésitante.

Avant de devenir un conteur de la rue, le jeune homme aux yeux perçants n’a qu’une seule ambition en tête : faire du ballon rond son meilleur allié. Cette carrière de footballeur dont il rêve tant lorsqu’il joue à Limeil-Brévannes s’efface peu à peu quand le daron décide de ne plus faire de concession face à la négligence de l’école. À 18 ans et des poussières, il rencontre le collectif Way Boto après avoir publié sur Instagram un freestyle. « C’était pour délirer mais ils ont bien aimé donc ils m’ont invité au studio pour enregistrer. Ça a été le déclic. » Après coup, il s’attribue le blaze de Oboy en référence au chef d’œuvre cinématographique de Park Chan-wook – Old Boy. Il fera quelques morceaux avec le collectif, notamment A$tro et Bit$u mais prendra rapidement la route du solo. « Je me sens plus à l’aise dans les prises de décision, j’ai du mal à faire des concessions à plusieurs dans la musique. » Cette expérience qui lui donne les clés du processus créatif l’amène rapidement à sortir Olyside, son premier EP de sept titres puis deux ans plus tard, le mini album Southside. En accord avec son calme olympien, pour ne pas dire que la nonchalance dont il fait souvent preuve est déstabilisante, sa musique navigue entre cloud et mumble rap. Un univers mélodique, nappeux et d’une profonde désinvolture. « C’est avec cette lenteur que je sens les instrus, c’est quelque chose de très spontané. J’écoute beaucoup YG, Tyga et les artistes dans cette veine. En rap français, j’ai beaucoup écouté Rohff et en ce moment, je suis grave dans la grime UK, Jay1 ou Yung Lean. »

Jacket: C.P Company
Sweat: Diesel
Pants: Arthur Avellano
Sneakers: Asics Gel-Kinsei OG
Bag: Melange
Sunglasses: Komono x Linus-Leonardsso
Définitivement influencé par la vague américaine, Oboy mixe les pièces bling-bling monogramme aux incontournables requins ou aux tracksuits. On lui donne ainsi l‘apanage du look badass et soigné, entre durag Fendi ou Goyard et grillz dorés. « La chose la plus importante, c’est que l’habit me parle. Ça peut être du Gucci, Audemars ou Diesel, peu importe la marque. Si on se tournait vers moi pour être égérie, j’aurai besoin d’être à l’aise avec la collection avant tout. Pour te citer quelques marques, je te dirais que j’aime beaucoup les prints Goyard et l’univers sombre de Margiela. J’ai aussi découvert la marque BlueMarble, anciennement One Culture. » Cette allure travaillée et audacieuse, le rappeur l’illustre dans ses clips réalisés par Vladimir Boudnikoff, son fidèle réal et producteur. Si le rap français s’empare souvent des tours comme décor, l’attitude solitaire et les grandes étendues vides sont souvent l’épicentre des mises en scène de l’artiste. Un minimalisme qui colle bien aux sons atmosphériques du jeune homme. Dans le clip de son banger de 2017 Cobra, Oboy ère entre les murs de bétons hostiles, glissé dans son armure de motocross VS casquette tandis que l’un des derniers singles Olympe s’illustre par vue aérienne entre plage déserte et grande forêt.